17h 30 - une sonnerie mécanique retentit de bruits aiguës accompagnées de vibrations qui s’amplifient grandement dans le bio-plastique sur lequel est posé l’appareil responsable de tout ce vacarme. A quelques pieds de là, un grognement rauque et nonchalant se fait entendre, suivit de quelques secondes de calme, et d’un mouvement de la tête et des cheveux emmitouflés dans le tissus. De la mer de tissus recouvrant notre champ de vision, surgit un monstre au long cou : une main et un bras tendu en direction de la source du vacarme, agressif, le bras tâtonne peut-être une trentaine de secondes, aveugle, avant d’attraper dans son étau sa cible. Puis d’un mouvement vif, le bras ramène sous les yeux bridés qui viennent de s’ouvrir de la tête grimaçante fichée sous la couette, et d’un geste hésitant, le pouce appuie sur l’écran lumineux qui vient d’éclairer d’un coup toute la scène.
Réduit au silence, la carcasse de l’appareil est redéposée sur la table de chevet en bioplastique.

D’un ébranlement gigantesque, tout l’océan de tissu s’agite et nous nous retournons dans le lit en grognant avant de sombrer quelques minutes dans les profondeurs du sommeil dont le vacarme nous avait sorti. 17h 40 - le vacarme mécanique et les vibrations se font de nouveau entendre, cette fois-ci pas d’échappatoire ! Nous devons nous résigner à déplacer cette masse d’os et de chaire endolorie par un sommeil aussi profond qu’il fût court, un geste brusque soulève une déferlante sur la mer de tissus et découvre le corps d’une femme qui s’anime doucement et et dont les articulations se déploient hors du monde douillet où celle-ci était ensevelie. Un claquement de notre langue dans notre bouche retentit et une lumière plus importante, et pourtant moins agressive, aux lueurs vertes pâlies par la présence des LED blanches, éclaire à présent tout l’appartement. A présent c’est beaucoup plus simple de trouver l’accès à l’appareil aux bourdonnements nuisibles, une fois celui-ci éteint, nous décidons de nous lever et de refermer la couette d’un geste brusque, pour que l’océan de notre lit puisse garder ses secrets, envoyant avec lui une bourrasque d’une odeur nauséabonde nous rappelant que nous aurions bien besoin d’une bonne douche. Chassant cette idée de notre pensée, à cause du temps qui défile trop vite pour notre corps encore endormie, nous faisons quelques pas vers la grande fenêtre donnant sur le balcon, les volets en acier sont fermés, et aucune lumière ne filtre à travers le tamis opaque, mais les sons oui, et ils nous rappellent constamment que le coeur de la ville ne cesse de battre quelque soit l’heure, la lumière du jour ne nous intéresse pas, pourtant c’est là où se trouve un espace à peu près libre, un casque de VR, une tenue bardée de capteurs, deux tours d’ordinateur branchées en série, des écrans, un casque, deux micros, et tout un tas de gadgets indispensables à notre époque. L’ordinateur est en veille, tout comme la créature engloutie dans le lit quelques minutes auparavant, nous appuyons sur “Enter” pour que le wallpaper aux couleurs vives s’affiche, et nous en profitons pour lancer la mise à jour du programme “Undercover.exe”. Ensuite, nous faisons demi-tour, ce n’est pas le moment de jouer, nous marchons nonchalamment vers la cuisine en shootant au passage dans un emballage en carton rigide qui va se ficher au-côté d’un autre dans un coin de l’appartement. Nous ouvrons un placard pour en sortir un paquet de tranches de pain de seigle enrichis en vitamines, au goût bizarre et aseptisé, ainsi qu’un pot de pâte à tartiner rempli d’huiles de palme et nous tartinons à la va-vite d’imposantes cuillerées sur les tranches si bien que celles-ci sont dégoulinantes de la poisse grasse au goût artificiel. ça fait bien longtemps qu’on n’avait pas vue de vraies noisettes à Taïwan ! Nous profitons de cette collation pour écouter la radio à l’aide de l’appareil à l’origine de la sonnerie de tout à l’heure : un interview d’une star du jeu Undercover, Ash Nguyen ou quelque chose comme ça… Des publicités pour des produits que l’on peut acheter in-game, un nouveau pic de pollution de l’air atteint à Taïwan… bref rien de bien différent de d’habitude. Une fois rassasiée de 4 ou 5 tartines, nous nous levons pour nous diriger vers le lit où se trouve des tiroirs remplis de nos affaires. Sur le chemin, se trouve un petit miroir dans lequel nous nous regardons une minute :
“Ma pauvre Reena, on dirait qu’un troupeau d’éruptifs t’est passé dessus.” chuchottons-nous à mi-voix, il est vrai que le portrait qui nous fait face n’est pas digne des grands maîtres européens du fanart : cheveux en bataille, mèches rebelles, maquillage dégrossi, crottes au coin de l’oeil… il va falloir faire quelque chose. Nous poursuivons néanmoins notre chemin pour nous équiper, nous retirons ce T-shirt pour le remplacer par une petite robe ficelée de rubans noirs, puis nous retirons cette culotte pour nous saisir d’un tonga noir bardé de dentelle, ce tout sera recouvert d’un étrange pantalon que nous enfilons : le haut fait d’un cuir artificiel noir jusqu’aux mi-cuisses, le reste étant composé d’un fishnet allant jusqu’aux chevilles, paraît que ça fait fantasmer les hommes. Nous émettons un long soupir soufflé par la rondeur éphémère de nos joues à cette idée. Nous enfilons de petites socquettes vertes avant d'engouffrer nos pieds dans une paire de bottes sombres à l’allure punk, avec des lanières, des boucles de montres et une fermeture éclair, la jeune femme négligée commençait à laisser place à la Rockeuse, YEAH !. Nous attrapons ensuite dans le tiroir un hoodie noir à capuche que nous enfilons sur nos épaules. Nous retraversons la partie cuisine en direction de la porte en nous saisissant au passage d’un masque à gaz et de notre overboard, nous glissons notre main sur la poignée pour que la porte puisse reconnaître nos empreintes digitales, et tandis que la porte s’ouvre, nous claquons la langue pour que ce petit monde retrouve son calme et replonge dans l’obscurité.

18h 05 - Le vent souffle sur nos mèches et notre pull, les lieux qui nous sont familiers défilent à toutes vitesse tandis que nous zigzagons à travers les bâtiments et les niveaux. Beaucoup de gens préfèrent prendre le train rapide, qui fait un peu office de métropolitain par ici, ou leur aero-car pour se déplacer plus vite entre les différentes couches de la ville, mais nous, nous préférons de loin notre overboard à l’azote liquide compressé pour nous déplacer plus lentement certes, mais plus économiquement aussi, dans la grande mégalopole. Nous arrivons prêt du musée d’histoire naturelle, nous nous orientons entre les passants, vers les barrières de la promenade, d’un geste alerte nous sautons par dessus en attrapant l'overboard dans la main avant de le recaser sous nos pieds nous chutons de quelques mètres jusqu’aux bords de fenêtre du bâtiment, nous sautons de l’une à l’autre en en profitant pour jeter un regard furtif sur les oiseaux empaillés à l’intérieur. C’est ici que se trouvait la partie ornitho-truc du musée, on y voit plein d’espèces qui existaient dans le passé, ces oiseaux nous avaient toujours fasciné et nous avions tendance à nous poster à la fenêtre où nous pouvions voir une grue du japon et une de papouasie, à rêvasser, à pleurer parfois quand la vie nous jouait des tours, être des oiseaux, voler, se sentir libre… En même pas une seconde, nous arrivions à la troisième fenêtre et nous sautions du rebord pour atterrir sur l’appareil de climatisation sur le toit d’un immeuble en contrebas, le toit même aurait été trop bas, mais la clim apporte les quelques mètres qui nous étaient nécessaires pour ne pas nous briser le cou, nous parcourons le toit avant de sauter sur le trottoir en contrebas, GROUND 10, nous y sommes, plus qu’un km et nous serions arrivé. “Hé ! vous pourriez faire attention ! Saletés de jeunes, aucune gêne, voilà ce que ça nous apporte d'accueillir tous ces immigrés !” Avec l’élan apporté par la chute, nous manquons de bousculer une grand-mère taïwanaise qui arpente les rues à la recherche d’éléments robotiques. Nous n’avions pas connu Singapour, et nous étions nées à Taïwan, à vrai dire, c’était nos grands-parents et nos parents encore adolescents qui avaient quitté la ville dont la situation devenait plus que alarmante avec la montée du niveau de la mer pour trouver refuge à Taïwan, nation qui était alliée à Singapour durant la guerre. Pourtant c’était notre culture, et bien que lointaine descendante chinoise, nous avions du mal à nous faire une place sur l’île luxuriante qui avait du mal à accueillir tant de monde. Bien que ne connaissant pas Singapour, il nous arrive parfois de regretter notre nation, et de l’imaginer dans une alternité utopique où notre famille aurait vécue sur notre cité flottante. Hélas, nous avons toujours eu du mal à nous faire une place dans cette ville, où des gens nous jetaient parfois des regards en coins, et où chaque erreur était aussitôt reportée sur notre communauté, si bien que nous avions appris à nous cacher, à nous débrouiller et à rester dans l’ombre, tel était notre mode de vie.

18h 18 - Nous nous faisons face l’une à l’autre dans le miroir de ce qui sert de loge, dans le vestiaire du Bar, déposés au casier le hoodie et l’overboard, Reena a bien changée, il n’y a plus rien de la Reena mal réveillée, maquillage refait, coiffure travaillée, boucles accrochées à l’oreille, la magie de SAPHYR commence à faire effet. “Reena ! Dépêches-toi ! Tu es en retard !” lui hurle à travers la porte des vestiaire, Lei-Chang, son patron. Toujours à râler celui-là, pourtant il devrait être satisfait : son cabaret ne tourne pas trop mal, grâce à tous les pauvres-ères qui viennent là pour boire de la bière bon marché et pour se sortir la tête de Undercover, l’espace de quelques heures. Nous terminons tranquillement nous préparatifs avant de sortir des vestiaires et de nous diriger vers la scène, d’où les bruits de mes collègues traînant les tabourets et les instruments nous parviennent.

23h 15 - Des applaudissements retentissent dans la pièce, au dessus des brouhaha des gens présents en train de discuter en buvant, ou plutôt en train de boire en discutant puisque ce lieu reste avant tout un lieu de détente. Enfin sauf pour nous, cela fait un peu plus de 4 heures que nous faisons le show, que nous usons nos cordes vocales et nos poumons pour distraire un peu l’assemblée, avec l’aide des musiciens et celle de l’ordinateur, nous reprenons toutes sortes de chansons, un coup dansantes, un coup tristes, un coup paillardes, un coup parlant d’amour… celles qui ont le plus de succès, comme tous les jours, ce sont les reprises de l’OST d’Undercover, les gens sont fans, inconsciemment même s’ils cherchent à s’évader du jeu, le jeu vient à eux, il reste quelque part dans leur esprit, il influence leurs goûts, et donc c’est eux même qui viennent là pour boire une bière tiède, discuter de leurs histoires sur le jeu avec leurs amis et nous demander des reprises de chanson tirées de là. Tirer de là, c’est exactement ce que nous avons envie de faire “now”, nous faisons quelques pas sur le parquet du bar pour déposer la guitare sur une chaise, oh cette guitare est principalement pour la figuration, nous n’avons jamais réellement apprit à en jouer, disons que nous devons bien connaître une dizaine de morceaux, mais pas de là à savoir improviser n’importe quel titre rien qu’en entendant son nom, heureusement que l’ordinateur derrière nous s’arrange toujours pour jouer la musique, de façon à ce que nous ayons l’air crédible. Notre gorge est sèche, nous prenons l’initiative de se diriger vers le bar, comme à chaque fois pendant les pauses, afin d’y boire un grand verre d’eau déposé là par le barman. Nous profitons d’ailleurs qu’il ait le dos tourner pour tendre le bras au-dessus du no-man’s-land que représente le meuble en inox pour attraper discrètement la bouteille de vodka et d’en verser une grande lichette dans notre verre d’eau, à chaque fois ça marche, ils ne se rendent compte de rien, quels nigauds. Nous rangeons rapidement et discrètement la boisson à sa place avant de nous joindre à la conversation. Ils parlent encore des implants robotiques de Talia, pfffff, cette conversation est vue et revue, mais nous décidons de nous y attarder un peu, car elle permet de faire défiler le temps avant de recommencer à chanter. Pas que nous n’aimons pas aller sur scène, mais plus que nous comptons profiter de cette pause, qui est déjà largement méritée. Nous finissons notre verre en 2 fois, deux grandes gorgées d’eau aromatisée à la vodka qui nous rafraîchissent la gorge sur leur passage, et nous font tourner la tête. Cette sensation de vague de fraîcheur, et de coup dans la tête, celle où on a l’impression que l’on est sur le point de perdre le contrôle et que tout va partir en live, nous l'adorons. Nous l’adorons même un petit peu trop, et qui peut-être devait avoir un impact sur l’image que nous donnons de nous, mais de l’avis des autres, nous avons tendance à nous en contrefiche, et ce n’est pas demain la veille que ça va changer. Nous quittons le comptoir en laissant le verre vide dessus, puis nous nous dirigeons vers les toilettes d’une allure rapide, élancée, féminine et déterminée, qui nous donne cet air respectable des femmes qui ont du caractère, nous comptions y aller car dans quelques minutes, le spectacle allait reprendre et nous allions de nouveau être au centre de l’attention durant quelques heures, quoique, la plupart des clients étant des habitués du lieu, il ont tendance à ne plus trop prêter attention à nous et à rester cloîtrés dans leurs conversations.

3h 30 - Le hoodie de nouveaux sur les épaules, le maquillage masquant les cernes, les yeux brillants d'excitation malgré la fatigue, la jeune femme est une silhouette fière qui s’engage dans la nuit, refermant derrière elle ce monde de lumière, de bruit et de chaleur, quand la porte des vestiaires, puis celle du bar se referment sur la nuit qui l’entoure. Un overboard à azote liquide compressé sous le bras, il ne lui faut que quelques pas et quelques minutes pour l'allumer et grimper dessus, pour s’enfuir à toute allure dans la nuit Taïwanaise, mélange d’obscurité des recoins sombres et crasseux, et de la lumière colorée des néons et hologrammes affichant les pubs pour tels ou tels produits. Fichés sur nos appuis bougeant rapidement d’une jambe à l’autre, notre silhouette semble fuir ce monde qui ne semble pas fait pour nous, trop maussade, trop fictif, trop pollué, trop de certainement beaucoup de choses… mais pourtant nous savions que c’est de ce monde dont nous avions besoin, et pas de l’autre, celui où tous passent leur temps.

3h 57 - L'overboard laissé dans un coin, un casque de VR vissé sur la tête, une nouvelle tenue parcourant le corps, nous étions parés, il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour ça, à peine celui d’ouvrir une canette de boisson énergétique, de verser l’eau chaude dans ce paquet de pâtes lyophilisées qui est posé sur le bureau à-côté du clavier, et de faire un monticule avec les bottes et notre ancienne tenue au pied du lit. Nous engloutissons le contenue de la canette durant le temps de chargement d’Undercover. Un nouveau monde s’ouvre à nous, beaucoup plus dynamique, beaucoup plus lumineux, peut-être même beaucoup plus agréable, même si toutes nos sensations étaient ressenties dans des capteurs stimulants nos terminaisons nerveuses, ici c'était notre deuxième travail, c’était également notre terrain de chasse. Il fallait trouver les bonnes quêtes, les remplir, résoudre les indices du lore, looter les items, influer sur les cours des marchandises à l’hdv, ajouter une plus-value intéressante et trouver le bon pigeon dans le besoin, tout ça dans le but de gagner quelques golds qui nous permettraient de faire du troc dans l’autre monde. Nous étions de véritables petites chasseuses de trésors…  ...mais aussi de Pathfinders, les joueurs les plus expérimentés, ceux qui connaissent bien le lore et résolvent les énigmes les premiers, ils ont toujours de bon tuyaux pour trouver un monture rare, ou une arme légendaire. C’était le genre de produits que nous recherchons, ceux qui sont cotés auprès des collectionneurs. Pourtant nous devions nous méfier, ne pas devenir les chassées, car cela ne faisait pas longtemps que nous avions rejoint le jeu, et son système de combat ne se superpose pas très bien avec notre esprit stratégique, et notre vision large des choses, si bien que l’on rencontre quelques difficultés en PvP, et ici-bas il faut se méfier des Player Killers, qui traquent les joueurs vulnérables car ils en ont après leur inventaire. C’est pourquoi nous nous méfions des autres joueurs, tous autant qu’ils sont, il faut s’en méfier. Beaucoup ne comprennent pas que ce jeu est un peu notre gagne-pain, et pour d’autre, le savoir fait que c’est beaucoup plus amusant pour eux de s’en prendre à nos combines. Nous avions dû nous forger un caractère, à l’image de celui que nous avions à la surface, nous avions dû nous forger une personnalité, telle SAPHYR, ici nous étions ATH3NA la Grue-verte. Il ne faut se fier qu’à très peu de joueurs, ceux qui constituent notre “squad”, les rares en lesquels nous avons à peu près confiance. Une confiance qu’il est difficile à acheter auprès de nous, et qui s’obtient pour X ou Y raison, le plus souvent fruit du plus grand des hasards.

13h 18 - Les pupilles commencent à se faire lourdes, les jambes flageolent, et l’esprit commence à s’embrûmer, la fatigue conquit rapidement ce domaine qui lutte pourtant depuis plus d’une heure, à grand coup de boissons énergétiques et de biscuits à la noix-de-coco artificielle. Nous n’avons pas envie de quitter ce monde si vaste, mais la longue journée que supporte notre corps se fait ressentir tout autant que ces sensations artificielles, et il faut déjà se résigner à lui accorder un repos bien mérité. Un peu à contre-coeur, et pourtant soulagée, le jeu s'éteint et les plumes disparaissent, les couleures aussi, et deux mains viennent retirer ce casque vissé sur notre tête, une goutte d’eau perle alors d’une visière et tombe au sol, en sonnant d’un impact reconnaissable. Les mains posent délicatement l’appareil onéreux, et repartent à la recherche des scratchs et de la fermeture éclair de la tenue gris-souris bardée de petits éléments lumineux. Une sirène mue alors d’une peau fabriquée en usine, placée là durant de longues heures, et une forme féminine aux lignes délicate lui fait place, telle une muse grecque apparue dans un décor futuriste. l’un de ses bras serpentin se tend pour aller quérir une serviette qui lui sert à évacuer les gouttes d’un liquide moite qui lui coule sur le dos, les hanches et les jambes. D’un geste brusque, cette serviette est évacuée pour laisser place à un t-shirt sorti d’un placard, une silhouette se déplace jusqu’au lit et retire l’ultime couche de vêtement pour la remplacer par un pyjashort presque propre, enfin, la mer de tissus s’ouvre pour laisser passer, non pas Moïse, mais une femme dont les articulations crient “SOMMEIL !”, les monstres marins pianotent sur le téléphone avant de laisser leur petit dormir sur une surface de bio-plastique, et finalement un claquement de langue se fait entendre plongeant tout ce petit monde dans une obscurité opaque, dérangée par l’éclat des quelques diodes sur différents appareils électriques.