anecdote 1 famille tu n'as pas toujours été seul. Avant, tu avais des parents. Mais tu ne gardes que très peu de souvenirs de cette époque. Le choc a altéré ta mémoire, comme pour te protéger. La peine était toujours là. Le vide aussi. C'était insupportable de se réveiller le matin en constatant qu'ils n'étaient plus là. Vivre sans eux a été une souffrance au quotidien. Et tu aurais sans doute pu lâcher prise, si ton esprit n'avait pas verrouiller tes souvenirs, ne laissant que quelques bribes de ce passé, juste assez pour pouvoir exister, pour te souvenir de leurs visages, de leurs regards bienveillants. Mais pas suffisamment pour que tu reconnaisses l'homme qui leur a tiré dessus pour un peu d'argent et de nourriture. Pour ne pas que la vengeance te ronge alors que tu n'avais pas encore la force de l'exécuter toi-même, alors que tu n'étais qu'un enfant des rues, mangeant des miettes pour ne pas périr.

anecdote 2 gang la ville fourmillait d'enfants comme toi. Sans passé, sans avenir. Des enfants qui se débattaient dans le présent pour ne pas disparaître. Et pour eux, il n'y avait qu'une seule solution : rejoindre un gang. Le tien n'acceptait que les plus aventureux, ceux qui ne craignaient pas de pénétrer chez les gens, de voler sans remords. Pour y avoir une place, tu as dû faire tes preuves, te mettre en danger, rapporter assez d'argent. Mais ton truc à toi, ça a toujours été l'informatique - un talent que tu dois inconsciemment à ton père. Un atout qui est devenu très prisé lorsque tu as commis tes premiers larcins numériques, déjouant des sécurités qui vous permettaient de dérober aux plus riches. Et lorsque Undercover est arrivé, il a fallu quelques années avant que le leader ne décide de t'y envoyer. Il avait de grands projets pour toi, en particulier depuis qu'il semblait devenu impossible pour lui de t'utiliser sur le terrain sans que tu ne t’effondre, incapable de respirer.  

anecdote 3 maladie tu as toujours eu une fragilité respiratoire que tu feignais d'ignorer pour ne pas être laissé en retrait, pour ne pas avoir à survivre seul. Mais à trop ignorer les signaux d'alerte, acceptant les missions qu'on t'imposait dans des zones extrêmement polluées, tu as fini par t'effondrer, incapable de respirer. Depuis, il t'est presque impossible de sortir sans un masque à oxygène. Un matériel coûteux pour lequel tu dois investir pour avoir la liberté de te déplacer dans le monde réel. Mais lorsque tu faisais encore partie du gang, tu étais cloîtré à l'intérieur, enfermé dans un bâtiment si vieux que tu toussais sans cesse, les poumons en feu. C'est à partir de cet incident que tu es devenu le hacker attitré de votre leader. Sans ce nouveau rôle, il n'aurait jamais pris la peine de te garder. Une bouche à nourrir sans la moindre utilité n'aurait jamais eu sa place parmi eux.

anecdote 4 fuite tu as grandi, tu as senti ce besoin d'indépendance croître en toi comme un poison, une obsession viscérale. Tu n'avais plus besoin de qui que ce soit pour rester en vie et tu ne pouvais plus supporter cette autoritarisme, ce sentiment de n'être qu'un pion. Malléable et remplaçable à tout moment. Tu avais besoin de sortir à nouveau, de partir loin, pour être libre de vivre comme tu l'entends. Alors tu as mis un plan à exécution, une cavale d'un pays à l'autre, pour ne pas qu'ils te retrouvent. Et lorsque tu as eu assez d'argent pour un masque à oxygène et un ticket, tu as pris la fuite.

anecdote 5 monstre tu es devenu le monstre que tu redoutais enfant. Celui qui ne pense qu'à lui, qui ne veut pas regarder en arrière, celui qui fuit. Tu vis dans le mensonge, abandonnant l'enfant que tu as été, sans lui apporter la moindre aide. Tant que tu réussis, tant que tu parviens à vivre dans un endroit salubre, avec de l'oxygène pour tes poumons bousillés. Tu as détourné le regard de la misère que tu as pourtant connu, préférant l'ignorer. Tu ne penses qu'à toi, tu ne vis que pour toi. Mais jusqu'à quand laisseras-tu ce montre te dévorer ? Est-ce qu'un jour, tu ne désireras pas davantage que cette survie, cette fuite en avant ? Tu préfères croire que non, que ton propre bien-être matériel te suffit amplement.