|	revenge fool ; shae & alastair

— oniropolis déployait ses bâtiments colorés devant tes yeux. tu te marres un instant en passant tout près d'un sentier menant à la tour eiffel. ici, il n'y a de limites que celles que s'imposent les humains. pour le moment, t'imagines parfaitement une bonne bière et un plat de lasagnes brûlantes. un bon bain ne te ferait pas de mal. ils ont des huiles, ici, qui font des bulles, de la mousse, qui peut prendre des formes fantasmagoriques et s'animer comme de véritables consciences ; tu te souviens d'un cheval de mousse rose qu'avait fait une de tes conquêtes, une fois. il avait fini fondu sur le tapis. elle avait été triste, un peu. juste un peu, jusqu'à ce que tu la consoles. tu sais que ces sensations sont celles induites par le jeu, et pas celles réelles. pourtant, ta combinaison retranscrit à la perfection les odeurs d'oniropolis, le souffle agréable sur ta peau qui chatouille tes joues et fait onduler la capuche de ton vêtement. tu repousses la capouche, visage découvert. une petite foule s'est amassée dans une rue ; distraitement, nonchalamment, tu te téléportes au-delà de cet amas humain. tu veux dévorer un mamouth au thym, avaler des litres de cette bière ambrée au goût unique, comme un arc-en-ciel liquide. déjà, tes yeux papillonnent sur un autre sujet qui t'intéresse : les demoiselles. tu te sens vainqueur, et c'est normal, tu l'es. t'as réussi cette fichue mission, t'as réussi à voler le putain d'objet à la con, et t'as les bourses remplies de monnaie rutilante. de quoi t'amuser un peu - et pourquoi le faire seul ?

tu hésites un instant ; est-ce que tu iras du côté clandestin de la ville, en fin de soirée ? te glisseras-tu dans le côté sombre de ce jeu ? mais tu repousses l'échéance ; pourquoi décider maintenant ? tu entres enfin dans un restaurant. c'est à la fois une taverne et bien plus encore. tu attaques la soirée d'un plat haut en couleur et d'une boisson aussi forte que délicieuse. sensations qui te font frissonner, toi là-bas, sur la terre. ton avatar repousses tes cheveux en arrière ; une barbe de quelques jours mange tes joues d'un chaume dru. tu sais que tu plais, et tu t'amuses des quelques regards qui se tournent vers toi. tu n'en es pas à ta première soirée ici ; quelques unes des silhouettes ont déjà eu tes préférences et tes honneurs. tu as bien l'intention de t'amuser un peu. ça tombe bien, tu as fini de remplir tes désirs immédiats, appétents. tu te redresses, mouvant tes épaules sous ton plastron. tout ton costume est fait sur mesure, dans le plus pur cliché du gars de jeu vidéo agile et nerveux, du genre rapide, qu'il ne faut pas faire chier. ton capuchon sur tes épaules, tu souris amicalement à une très jolie demoiselle toute proche. tu ne l'as jamais vu, ou tu n'en a pas souvenir. t'as l'impression qu'elle est perdue, dans ce dédale furieux, plein de couleurs, de lumière, d'odeurs.

« puis-je vous aider ?  » tu souffles, à quelques pas d'elle. tu t'es penché, grand que tu es, l'allure mince, musclée. si seulement tu étais ainsi dans la vraie vie - tu y ressembles pas mal, t'es pas spécialement gros, mis t'as surtout cette fichue jambe artificielle qui t'emmerdes. ça t'a rendu un brin aigri avec les autres. seul ce jeu t'aide à aller mieux. une espèce de thérapie, si on veut. si t'avais un psy, c'est sûrement ce qu'il dirait. tes poignards sont cachées au niveau de tes cuissardes. tu lèves une main et désigne la pièce où une foule hétéroclite fait autant de bruit qu'un concert de rock. « est-ce la première fois que vous posez les pieds à oniropolis ? ici, chacun de vos voeux, de vos désirs deviendra réalité.  » tu souris, tu fais un clin d'oeil. le genre de gars amical, qui n'insistes pas vraiment, qui ne fait qu'inviter. « je m'appelle mars. je suis un peu un vieux de la vieille  » que tu glousses, irrésistible, fossette au creux des joues, yeux sombres qui pétillent. « je serai ravi de vous aiguiller si besoin est, ou de m'éclipser si vous préférez être seule. » t'éclates encore un peu de rire, aguicheur, séducteur. « je peux aussi arrêter de parler comme dans ces foutues quêtes et te tutoyer. » tu t'es approché d'un pas, pour observer son visage, ses traits féminins. ouai, aucune raison que tu restes seul et que tu ne t'amuses pas. et si tu peux l'amuser, elle, y'a pas de quoi se gêner.
si tu savais.