Choisit-on qui nous sommes ? Choisit-on notre sexe, notre couleur de peau, nos yeux ou notre handicap ? Est-ce que le plus important chez un enfant est qu’il soit de la même couleur que ses parents avec leurs yeux et une jolie voix pour leur réclamer la dernière console à la mode ? Est-ce une raison suffisante qu’un nourrisson ait le physique idéal pour pouvoir le garder ? Mi Ran est née dans la famille Kim, une famille pauvre d’une mère alcoolique, d’un père ayant disparu le lendemain de sa conception pour se marier avec une riche bourge. Plutôt que garder cette chose inutile qui épuisait aussi bien l’énergie que le porte-monnaie, l’adolescente de 18 ans décida de faire adopter son enfant mais voilà. Là où tout aurait du bien se passer, les médecins détectèrent un problème au niveau de ses cordes vocales. Elle était muette. La décision tomba rapidement, elle irait dans un orphelinat pour une chose qu’elle n’avait pas choisie.

Nourrisson, elle était calme et petite, elle restait souvent dans son coin à dessiner sans s’approcher des autres. De toute façon, elle ne pouvait pas parler mais cela ne l’empêchait pas d’entendre mais aussi de voir. Avec ses grands yeux ronds marrons, elle les voyait jouer, elle les entendait rire et parler. Chose qu’elle ne pouvait pas faire. Elle ne pouvait communiquer autrement que par des dessins ou l’écriture lorsqu’elle apprit cet art et grâce à une bénévole voyant Mi Ran comme sa propre fille, la petite de 3 ans commença à s’exprimer par le langage des signes. Bien entendu, elle ne parlait qu’avec cette bénévole et entendait les autres enfants commencer à rire d’elle. Il pensait que ces remarques ne lui faisaient rien mais cela la blessait, elle n’avait rien demandé et se retrouvait seule la plupart du temps. Elle se souvenait de ces repas renversés « accidentellement » sur elle, du regard de ses camarades alors qu’elle arpentait les couloirs de l’école maternelle. Mais, surtout, elle se souvint de ce jour alors qu’elle avait seulement cinq ans.

Depuis quelques mois, des filles venaient vers elle, elles essayaient de lui parler mais comme elles n’avaient jamais de réponse, ces petites capricieuses le prirent mal. Elles réussirent à enfermer la petite Mi Ran dans un placard et avait mis un bruit trop aigu pour ses oreilles et pendant trop longtemps. Elle tapait à la porte, essayait de crier mais rien. Personne ne l’entendit. Elle perdit connaissance et se réveilla dans une chambre d’hôpital. Un homme d’entretien l’avait finalement trouvée.
Les médecins lui parlaient mais, pour elle, leurs lèvres ne faisaient que bouger, elle n’entendait rien des bruits alentour. Juste le silence. Elle ne pouvait ni parler, ni entendre. Elle essayait de parler le langage des signes mais personne ne le comprenait et personne n’avait les moyens de poser des implants à ces endroits… Surtout qu’elle était trop jeune pour ça. Elle ne pouvait pas non plus compter sur cette bénévole qui ne venait plus depuis 6 mois. Mi Ran était seule. Tout lui semblait vide mais, pourtant, elle ne pleura pas et continuait d’observer le monde avec ses grands yeux curieux.

Deux ans. C’est le temps qu’elle a encore passé à l’orphelinat puisqu’elle fut adoptée à l’âge de ses 7 ans par Ahn Soo Min et Ahn Tae Il. Lorsqu’une dame lui avait fait lire cette nouvelle de son adoption, Mi Ran l’avait regardée avant d’hocher la tête et prendre la main tendue par cette personne pour l’accompagner vers ses, désormais, parents. En voyant Soo Min, la petite fille ne put que courir pour se réfugier dans les bras de celle qui lui avait appris à parler le langage des signes. Celle qui avait été là lorsqu’elle était seule. Pour la première fois de sa vie, la fillette craqua et pleura. Elle se souviendra toujours de la promesse faite par son nouveau papa qui avait appris son langage : « Un jour, tu entendras de nouveau et tu parleras mais quoiqu’il arrive, nous t’aimerons comme notre propre fille. »
En attendant de pouvoir parler et entendre, Mi Ran restait à la maison pour les cours donnés par sa mère lorsqu’elle pouvait et, sinon, au salon de piercing tenu par Tae Il. Soo Min travaillait à mi-temps en temps que vendeuse dans un magasin de vêtements. Mais tout cela, c’est ce la fillette voyait. En effet, lorsqu’elle était couchée, son père partait travailler dans un bar un soir sur deux et les autres moments, c’était sa femme qui y allait. Ils faisaient tout pour pouvoir améliorer le confort de leur fille, ils voulaient offrir ces implants pour leur rayon de soleil parce que son bonheur faisait le leur. La petite ne faisait que sourire, elle racontait des blagues en bougeant ses mains, elle était enfin comprise et aimée, ça lui faisait chaud au cœur. Petit à petit, elle développait une passion pour le métier de son papa tellement elle aimait le voir à l’œuvre et son carnet de dessin était rempli de dessins de gens décolorés, percés et tatoués. C’était décidé, plus tard, elle travaillerait dans ce domaine ! À ce moment, elle pourra parler et entendre alors, oui, elle pourrait réaliser son rêve !

Ce fut un peu avant ses 12 ans qu’elle eut la surprise d’apprendre que ses parents avaient réuni la somme nécessaire pour ses implants. Ils avaient aussi une date pour l’opération. Le jour de son anniversaire. Heureuse de pouvoir devenir une personne comme les autres, la fillette leur sauta dans les bras et pleura. Chose qu’elle n’avait pas fait depuis son adoption. Elle était réellement heureuse et tout se déroula correctement bien qu’elle eut mal à la tête pendant plusieurs jours, n’étant plus habituée à entendre les bruits alentours. Elle apprit aussi à parler mais cela fut plutôt rapide puisque lorsqu’elle entendait encore, elle regardait les enfants bouger leurs lèvres pour former les sons qui étaient utilisaient pour faire des mots ou des phrases. Sachant lire et écrire, elle savait aussi à quoi tout correspondait ce qui fut très utile pour qu’elle puisse parler facilement. Elle se mit alors à jouer à Under Cover, deux semaines après son opération. Elle qui rêvait de parler, entendre et jouer, elle était aux anges !
Sur le jeu, elle put retourner à l’école, ses parents continuaient leur travail, sa mère passa à mi-temps pour le travail et ils mettaient de l’argent de côté pour leur confort. Ils avaient tout prévu, sauf deux choses. La maladie de sa mère et le fait que les implants bas-de-gamme de Mi Ran puissent être défectueux. En effet, à ses 15 ans, alors que Mi Ran était tranquillement dans le jeu, elle eut un fort mal de tête avec les oreilles bourdonnantes. Elle n’entendait rien, tant et si bien qu’elle n’entendit rien de cet ennemi qui s’approchait d’elle pour la mettre Game Over. Elle se retrouvait seule dans sa chambre, tremblante, prise de nausée. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et elle courut pour descendre les escaliers le plus vite possible pour se blottir dans les bras de Soo Min. Seulement rien ne se passa comme prévu et c’est sa mère sur un brancard qu’elle vit. Elle avait perdu connaissance. Son père lui parlait mais elle n’entendait rien, ne pouvait que lire sur ses lèvres mais au moins, elle comprit l’essentiel et tous deux allèrent à l’hôpital. Le verdict était sans appel, un cancer du poumon et le seul moyen de la sauver était les membres mécaniques alors Tae Il signa l’accord d’une pose d’implant mais il devait payer l’opération et les produits. Il se tua littéralement à la tâche, travaillant tous les jours, toutes les nuits et rendait souvent des services à droite à gauche. Son cœur finit par le lâcher un an plus tard.

Ce fut un soir en rentrant des courses que Mi Ran, dont l’ouïe était revenue deux jours après sa perte, le vit sans vie dans la cuisine. Elle hurla, le secoua mais ne montra aucun signe de vie et appela sa mère qui avait repris le travail, n’arrivant pas à articuler un mot correct tant les sanglots bloquaient sa gorge. Cependant, l’adolescente resta forte et réconforta sa mère. Elle prit également un travail dans une supérette pour l’aider à payer des funérailles dignes de cet homme merveilleux qu’était Tae Il mais aussi pour rembourser leurs dettes. Le salon de piercing qui devait être vendu fut piller par des jeunes et brûlé. Elles le vendirent à perte de 2 000 wons, elles limitaient grandement les dégâts mais c’était de l’argent en plus à rembourser. Les fins de mois étaient très difficiles mais elles s’entraidaient, tant que l’autre était là, elles continueraient de se battre. Mi Ran continua ses cours sur Under Cover et commença une formation d’un an pour devenir perceuse, ne payant rien et apprenant beaucoup.
A côté, irl, elle travaillait le soir en tant que serveuse dans un bar puisqu’elle avait 18 ans, donc l’âge pour, et de fil en aiguille, son style vestimentaire changeait. Court généralement, sexy souvent, cheveux décolorés ou colorés même si elle revenait parfois au noir. Elle eut sa première expérience avec un client régulier du bar qu’elle commença ensuite à fréquenter mais il n’y avait pas d’amour. Juste du sexe. Leur désir parti en fumée, ils ne se revirent plus par la suite et après plusieurs expériences les hommes, Mi Ran finit par essayer avec une femme. Après tout, le plaisir passait avant le genre n’est-ce pas ? Pareil pour l’amour. On n’aime une personne pour sa personnalité, par pour son genre.

Mi Ran, qui commençait à comprendre que Under Cover n’était pas aussi beau que ce qu’elle pensait, prit du recul. C’est son patron dans le bar irl qui lui a permis d’ouvrir les yeux. Des batailles, donc des gens qui perdait tous leurs investissements. Des hackeurs qui agissait sans scrupules pour arriver à leur fin… Elle commença à se faire une autre opinion du jeu, commençant à se dégoûter de se retrouver dans la peau de NYX. Mais voilà, elle avait développé une certaine addiction, y jouant donc plus par obligation qu’autre chose, arrivant doucement à la fin de sa formation… Où elle ne trouva pas de travail autre que celui irl avant ses 21 ans jusque ses 22 ans (âge auquel sa mère et elle finirent de rembourser les dettes de la famille Ahn). Elle était barmaid sous l’apparence de Nyx mais aussi sous celle de Mi Ran jusqu’à rencontrer une personne dans le jeu qu’elle rencontra également dans la réalité, dans le bar où elle bossait à Daegu. Hyeong Su Song. Il la prit sous son aile, l’embaucha aussi bien irl que ivl et, très vite, elle s’est prise d’affection pour lui. Aujourd’hui, elle vit sa vie sans broncher, montrant toujours un sourire et si elle se bat pour vivre, envoyer bien trop d’argent à sa mère, c’est pour une seule raison : elle sait que son histoire sur cette terre ne fait que commencer…